Compte-rendu de Nicolas Saucier.
Le premier panéliste, Maxime Ouellet (UQAM/IRIS), a déploré plusieurs types de dérives menaçant l’enseignement supérieur. Sous le couvert d’une meilleure gouvernance, on tente de transférer plus de pouvoirs aux conseils d’administration et par le fait même aux milieux privés qui y occupent une place croissante. Le financement se déplace vers la recherche appliquée et les technos-sciences produisant des brevets, menant à l’industrialisation du savoir au service du secteur privé. Quant à la formation elle vise de plus en plus uniquement à fournir du capital-humain correspondant aux besoins du marché, des individus sans ancrage social. D’ailleurs, les programmes correspondent de moins en moins à des disciplines académiques ou professionnelles, mais à des compétences utiles au marché. C’est là qu’intervient « l’assurance-qualité »qui vise à créer un marché de l’enseignement supérieur mondialisé. En conclusion, afin de contrer ces dérives, M. Ouellet juge essentiel de repolitiser la question de l’enseignement supérieur et de revenir aux sources de la démocratisation de l’éducation au Québec que représente le rapport Parent.
De son côté la seconde panéliste, Marianne Di Croce (Cégep Saint-Jérôme/IRIS), a proposé une analyse de la notion d’assurance qualité. Malgré son nom accrocheur, cette notion a peu à voir avec l’enseignement ou la pédagogie, mais correspond plutôt à des critères gestionnaires et économiques qui mènent à la bureaucratisation de l’éducation. Ainsi la pertinence des cours et des programmes est jugée par leurs liens avec les besoins du marché. L’efficacité de l’enseignement est évaluée sur de critères uniquement quantitatifs sans aborder les enjeux pédagogiques de fond.
Enfin, le troisième panéliste, Claude Vaillancourt (ATTAQ-Québec), s’est attardé sur l’enjeu de l’internationalisation de l’enseignement supérieur. Le but avoué est de créer un grand marché international de l’éducation générateur de profits, ce qui signifie que les secteurs d’enseignement considérés moins rentables risquent d’être délaissés. À cette fin, l’éducation doit être déréglementée puisqu’elle est dès lors assimilée au secteur des services visé par les traités de libre-échange. Il est à prévoir que ce marché risque fort d’être dominé par les universités anglo-saxonnes à grand renfort de marketing et de publicité. Les pays disposant de moins de ressources (principalement les pays du sud) seront dès lors victimes d’une concurrence déloyale qui favorisera l’implantation d’institutions d’enseignement étrangères et/ou l’exode des cerveaux.
Nicolas Saucier
Chargé de cours au Département d’Information et communication
Faculté des lettres et des sciences humaines.