L’augmentation de la taille des groupes est une réalité qui préoccupe les corps enseignants, mais aussi les autres intervenantes et intervenants (auxiliaires, technopédagogues, correcteurs, etc.) et bien entendu les étudiantes et étudiants. Dans ce bref article, j’expose certains enjeux, pose des questions et explore quelques hypothèses. Il se veut un premier pas dans un dialogue avec les membres du SCCCUL sur cette réalité complexe et changeante.
On entend souvent que la taille des groupes a des effets négatifs sur la qualité de l’enseignement et exige plus de travail pour les enseignantes et enseignants. En conséquence, certaines personnes proposent de baliser le nombre et d’y associer à une rémunération croissante selon la taille du groupe. D’autres vont nuancer en tenant compte de l’aide à l’enseignement : auxiliaires, correcteurs, technopédagogues, etc. Il faut aussi souligner qu’une rémunération croissante selon le nombre d’étudiantes et étudiants ne tient pas compte du temps, lui aussi croissant, mais qui dans les faits est une denrée limitée pour tout le monde. Comme on dit, il n’y aura toujours que 24 heures dans une journée. Bref, une meilleure rémunération ne donne pas plus de temps pour préparer un cours, par exemple. De plus, il faut tenir compte du mode d’enseignement : s’agit-il d’un cours en classe, à distance, en comodal[1] ?
Quels sont donc les « véritables » impacts sur l’enseignement dans un grand groupe ? Peut-on les quantifier ? Est-ce que ces impacts sont amoindris par une approche pédagogique adaptée aux grands groupes ? Et si l’enseignante ou l’enseignant se voit offrir « une équipe de soutien », cela peut effectivement l’aider dans sa tâche enseignante, mais implique des heures de gestion et de coordination de cette équipe. Créer de grands groupes peut certainement être profitable pour les universités, mais quels sont les avantages pour le corps enseignant ? Rentabilité et profitabilité financière, soit, mais on peut aussi se demander pourquoi l’université ne voit pas d’avantages à se distinguer par un meilleur ratio enseignant.e-étudiant.e.s ou en offrant de plus petites sections d’un même cours. L’avantage de positionnement stratégique est évident… et cela créerait plus d’emplois pour nous, sans parler des avantages pour les étudiantes et étudiants.
Bien sûr, la clé de voute, selon diverses études, c’est l’embauche de plus d’enseignantes et enseignants. C’est la meilleure approche et elle implique des coûts. Il est aussi vrai qu’un enseignement dans de grands groupes peut atteindre des objectifs précis dans le respect d’un enseignement de qualité. Pour ce faire, l’enseignant doit bénéficier du soutien nécessaire et des connaissances pédagogiques adaptées à de tels groupes. L’université doit donc offrir ces deux volets d’appui, sans oublier une rémunération conséquente, en évitant la surcharge et en respectant les services éducatifs offerts aux étudiantes et étudiants.
Loin d’avoir fait le tour de la question, nous avons ici présenté les pourtours d’une réalité qui affecte nos conditions d’enseignement et l’exercice de notre travail. Nous vous invitons à réagir à cet article en partageant vos questions et réflexions.
Sylvain Marois
Vice-président aux relations intersyndicales
[1] Et ici, il faut éviter d’ouvrir la porte à une rémunération différenciée selon le mode d’enseignement.