Le ministre Simon Jolin-Barette a fait bondir récemment le milieu de l’enseignement supérieur avec sa réforme du Programme d’expérience québécoise (PEQ) qui permet à de nombreux étudiants étrangers d’entrevoir la possibilité d’une formation et d’une vie à envisager au Québec. La présence de ces étudiants, dont plusieurs deviennent résidents permanents au bout de quelques années d’immersion en terre québécoise, contribue à enrichir le contexte culturel du Québec et à réduire le manque de travailleurs et de travailleuses qui marque notre société.
On le sait maintenant, M. Jolin-Barette a reculé sur sa proposition initiale. Mais comment se poursuivra sa réflexion? Cette réforme, pour l’instant suspendue et non abolie, nous réservera quelles surprises? Consultera-t-il suffisamment les représentants du milieu de l’enseignement supérieur? La question est posée…
Plusieurs organismes, représentants d’institutions d’enseignement, de syndicats et des étudiants se sont manifestées dans les médias pour critiquer et s’opposer à cette vision réductrice de la société québécoise. Ce qui frappe le plus dans ce projet de réforme, c’est notamment la liste des programmes admis. Avec une vision courte du marché de l’emploi, le ministre privilégiait les besoins immédiats au détriment de la véritable complexité de notre société qui se décline, comme un éventail, en de multiples facettes toutes interreliées. Encore une fois, il faut monter aux barricades, comme l’a fait M. François Gélineau, doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, dans un article publié dans Le Soleil du 6 novembre : « En limitant l’accessibilité au PEQ à certaines professions, le Québec pourrait se priver de nombreuses ressources pourtant essentielles pour affronter les défis actuels, incluant ceux associés à la révolution numérique ».
Et que dire de l’apport sociétal de tous ceux et celles qui oeuvrent dans le domaine des sciences humaines, des arts et de la culture? Que serait notre société sans cette faculté d’imaginer et de donner forme à des intuitions qui nourrissent l’imaginaire collectif? Dans la liste des programmes admis, nulle place leur était faite, ou si peu… Encore une fois, nous nous retrouvons dans une position qui nous oblige à revendiquer notre place et notre légitimité dans la société.
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