Un mot de Michèle Audette

Une légende me raconte que j’étais une petite étoile dans l’univers avant de choisir mes parents. Depuis, je leur dis merci de m’avoir donné ce premier souffle de vie imprégné de valeurs profondes comme celle de la justice sociale, le respect, la coexistence. Pourtant, je n’aurais jamais pensé que dès ce premier souffle, à peine quelques heures après ma naissance, dans les bras de ma mère, nous devions reprendre le train pour Schefferville et nous assoir dans le wagon seulement pour les « indiens » et ce, même si mon père était le plus beau québécois… Lui il avait le droit de choisir, celui des indiens ou des blancs. Double raison de souligner le 8 mars sur ma petite étoile, celle d’être femme, porteuse de vie et de continuer ma lutte contre la violence coloniale…

Mes mocassins auront couvert beaucoup de territoires, de lieux et d’espaces pour recevoir la vérité des femmes et des filles autochtones lors des audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). Ces vérités tissent maintenant une toile qui illustre à quoi ressemble véritablement la violence pour les femmes et filles autochtones au Canada. Des constats percutants et accablants. Ceux-ci continuent de recréer les manifestations historiques et contemporaines du colonialisme d’une façon qui mène à une violence accrue. Les voici :

• traumatisme historique, multigénérationnel et intergénérationnel ;
• marginalisation sociale et économique;
• maintien du statu quo et absence de volonté de la part des institutions;
• refus de reconnaître la capacité d’agir et l’expertise des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA autochtones.

Malgré ces faits, ces milliers de femmes m’auront appris la signification de résilience, du pouvoir de la prise de parole, de l’importance de la guérison individuelle et collective, de poursuivre ce long portage pour réinventer les relations entre nos nations, la société et les gouvernements. Elles doivent le point de départ de tout changement dans les politiques, les services et les mesures de soutien visant à rétablir la justice pour les femmes, les filles autochtones et leurs familles.

8 mars, je te porte sur mon étoile et ce, à tous les jours.

Michèle Audette

Michèle Audette est adjointe au vice-recteur de l’Université Laval aux études et aux affaires étudiantes depuis l’automne 2019. Elle a été présidente de Femmes autochtones du Québec, présidente de Femmes autochtones du Canada, sous-ministre associée au ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration du gouvernement du Québec et chargée du secrétariat à la Condition féminine de 2004 à 2008, lauréate de la médaille du jubilé de diamant de la reine Élisabeth II en 2012, commissaire de l’Office des Affaires autochtones et du Nord Canada en 2016 qui avait pour programme « Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées », relationniste et coordonnatrice à de nombreux festivals et recherchiste de «Nations», un magazine d’information sur les Amérindiens diffusé à Télé-Québec.

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