La députée libérale d’Outremont, Hélène David, quitte son poste de ministre de la Culture et des Communications pour diriger le nouveau ministère de l’Enseignement supérieur. Les cégeps et les universités seront désormais sous sa gouverne. C’est tout de même la quatrième ministre de l’Éducation en moins de quatre ans. Son arrivée en poste semble susciter de l’espoir chez les recteurs des universités québécoises. Ancienne vice-rectrice de l’Université de Montréal, cette psychologue clinicienne de formation connait le monde universitaire de l’intérieur comme membre du corps professoral. Elle le connait bien aussi de l’extérieur, depuis la place qu’elle occupe dans la grande maison de l’éducation du 1035 de la rue De La Chevrotière à Québec, où elle a été sous-ministre adjointe à l’Enseignement supérieur au ministère de l’Éducation dans le gouvernement de Jean Charest. Pourtant, qu’elle vienne du monde universitaire n’est pas pour nous un gage de confiance sur le fait que les besoins de nos universités seront bien pris en compte. Le ministre précédent, ancien doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, nous a donné maintes fois la preuve que l’incompréhension peut régner. Dans le cas de madame David, c’est plutôt son allégeance idéologique au néolibéralisme qui est inquiétante. Son parcours politique ne nous rassure pas, d’autant plus que son collègue, le nouveau ministre de l’Éducation et ancien adéquiste, Sébastien Proulx, s’inscrit parfaitement dans le plan idéologique néolibéral du gouvernement Couillard dont la priorité est de remettre entre les mains du privé la plus grande partie de nos services publics, éducation comprise.
Faire de l’éducation une priorité nationale au Québec est loin d’être à l’ordre du jour de cette nouvelle équipe gouvernementale… Nous étions près d’une centaine d’enseignants des cégeps, des universités et des écoles privées à manifester devant le bureau du premier ministre à Montréal, le vendredi 26 février, pour lui rappeler cette priorité et l’urgence de réinvestir dans l’éducation des Québécois. Nous voulons que cela se concrétise dans le prochain budget, qui sera présenté le 17 mars prochain par le gouvernement Couillard. À l’occasion d’une prise de parole lors de cette action populaire, Caroline Senneville, présidente de la FNEEQ, a invité « les ministres Sébastien Proulx et Hélène David, respectivement ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et ministre de l’Enseignement supérieur, à faire valoir auprès de leurs collègues la nécessité de réinvestir en éducation », et elle conclut en réitérant « que le gouvernement doit reconnaitre l’importance cruciale de l’éducation pour le présent et l’avenir du Québec, et y mettre tout l’argent nécessaire. Le système d’éducation public est un bien commun et le gouvernement a la responsabilité de s’assurer de sa qualité et de sa pérennité. Tout indique que lors du prochain budget, Québec annoncera des surplus budgétaires ou, à tout le moins, l’équilibre budgétaire. Il est temps que ce gouvernement investisse afin de faire de l’éducation une véritable priorité nationale. Nous voulons rappeler au gouvernement libéral que de l’argent, il y en a! »
Depuis plus d’un an, dans toutes les universités du Québec, des groupes s’organisent, souvent en équipes intersyndicales et de concert avec les associations étudiantes, pour dénoncer les conséquences néfastes des dernières compressions budgétaires et exiger un réinvestissement immédiat. Les enseignants contractuels et les contractuels des autres corps d’emplois ont été, et sont encore, les premiers touchés par les millions de dollars disparus en raison des compressions budgétaires : cours supprimés ou fusionnés, contrats non renouvelés, etc. Cette situation a un impact direct sur la qualité de l’enseignement dans certaines facultés et sur les services aux étudiants, dont celui de l’aide pédagogique. Des actions ponctuelles rendent visible sur les campus le souci de la communauté universitaire de résister à ce que certains voient comme inéluctable dans cette descente aux enfers de la marchandisation de l’enseignement supérieur. Ces personnes à l’esprit défaitiste perdent malheureusement de vue la raison même de notre présence comme enseignant universitaire : être au service de la plus grande mission sociale et démocratique en éducation, soit former la prochaine génération qui aura en charge l’avenir du Québec, tous domaines confondus.
C’est dans ce contexte que nous, en tant que chargés et chargées de cours de l’Université Laval, devons commencer à réfléchir à ce que sera notre prochaine convention collective, en d’autres mots à ce contrat qui nous lie à notre institution universitaire et qui encadre l’exercice de notre profession d’enseignant pour plusieurs années. La longue marche vers ce but est déjà commencée. Le renouvèlement d’une convention collective est un processus qui se déroule sur plusieurs années et dont chaque étape requiert la participation du plus grand nombre pour que nos choix représentent le plus fidèlement possible les attentes, les besoins et les demandes des chargés de cours. Dans ce processus, il faut collectivement prendre en compte, avec un esprit d’ouverture, la complexité engendrée par nos différents statuts ainsi que l’hétérogénéité de la situation des chargés de cours dans nos unités, voire leurs apparentes contradictions.
Déjà, les résultats du sondage mené l’automne dernier et ceux des groupes de discussion tenus récemment vont alimenter le prochain comité de négociation en lui donnant un portrait actualisé de notre groupe. Beaucoup reste à faire cependant. La contribution de chaque chargée et chargé de cours sera déterminante dans la réalisation de notre cahier de demandes syndicales et lors de sa présentation à nos vis-à-vis patronaux. Nous devons d’ici-là renforcer l’esprit de solidarité pour montrer avec force et détermination notre volonté d’aboutir à un résultat ou tous seront gagnants, soit nos étudiants, notre corps d’emploi et notre institution, qui a tout à gagner d’avoir un corps enseignant respecté, reconnu pour la qualité de sa contribution et dévoué à la mission d’enseignement de notre université.
Puma Freytag
Président du SCCCUL