Nous connaissons maintenant les priorités du gouvernement du Québec pour l’enseignement supérieur et les sommes qui seront réinvesties dans les universités au cours des prochaines années. Ce choix d’un réinvestissement – plus que nécessaire – reconnait d’emblée que les mesures d’austérité ont eu des impacts majeurs pour nos universités, à un point tel qu’il n’était tout simplement pas viable de continuer à maintenir le régime d’austérité sans mettre en péril la mission des institutions d’enseignement supérieur.
Mais derrière ces apparentes bonnes nouvelles, difficile de se réjouir totalement. D’abord, parce que les montants rehaussés ne sont pas du tout à la hauteur des coupes imposées par les gouvernements successifs. Selon la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), les 497 M $ qui seront réinvestis dans les universités québécoises d’ici 2022 sont loin d’être suffisants pour pallier au 1 G $ coupé depuis 2012. Ensuite, parce que les impacts de ces coupes ont déjà fait des dégâts considérables dans les universités. De fait, à l’Université Laval, les compressions budgétaires ont eu une empreinte majeure et bien réelle pour tous les enseignants universitaires ainsi que pour nos étudiantes et étudiants, notamment au regard de la diminution de l’offre de cours et de la surcharge des groupes, comme en fait foi un article du Journal de Québec paru en mars..
On peut quand même se réjouir de certaines priorités proposées dans ce budget, qui insiste sur le fait que le rehaussement du financement « contribuera à améliorer la qualité de la formation (…) et permettra notamment de bonifier l’encadrement des étudiants, entre autres par l’embauche d’enseignants additionnels dans les universités ». Par exemple, en allouant des sommes à la réussite des étudiantes et étudiants en situation de handicap, ce budget reconnaît les besoins particuliers que requiert l’accompagnement de ces étudiants et, du même souffle, l’importance d’offrir de meilleures conditions aux enseignants universitaires qui soutiennent leurs efforts et leur persévérance tout au long de leur parcours scolaire. L’objectif d’augmenter la proportion de personnes qui détiennent un diplôme universitaire apparait également louable et important pour notre société. Notamment, l’intérêt pour les microprogrammes se fait bien sentir auprès des personnes en emploi et apparait comme une façon profitable et pertinente de soutenir la formation continue tout au long de la vie.
Espérons maintenant que dès l’automne 2017, le nouveau recteur ou la nouvelle rectrice de notre université fasse les bons choix et alloue cet argent prioritairement dans l’embauche d’enseignants additionnels afin que nous puissions accroitre l’offre de cours et diminuer la surcharge de travail qu’entrainent les groupes actuels. Il faut souhaiter aussi que cet argent soit retourné aux différents départements de manière équitable afin qu’ils puissent soutenir leur mission respective et que les étudiants puisent s’inscrire aux cours et aux programmes de leur choix. Car soutenir la diversité des cours et des programmes ne fait-il pas partie aussi de la qualité de la formation universitaire?
Christine Gauthier
Présidente