« Innover dans l’enseignement supérieur » : une conférence fort appréciée

Pourquoi innover en enseignement supérieur? Que signifie innover pédagogiquement? Quels enjeux pédagogiques organisationnels sous-tendent les pratiques émergentes? À quelles pressions du milieu, social et universitaire, répond ce besoin d’innover? Voilà autant de questions (et plusieurs autres) qu’a tenté d’éclairer, de manière éloquente, la conférence présentée par le professeur Denis Bédard, directeur du Centre d’étude et de développement pour l’innovation technopédagogique (CEDIT) et professeur à l’université de Sherbrooke.

L’exposé de M. Bédard a mis en relief plusieurs éléments de réflexion touchant la pratique pédagogique au niveau universitaire. Parmi ceux-ci, les changements générationnels qu’introduisent les nouvelles cohortes étudiantes, auxquels s’ajoutent l’évolution de nos connaissances sur les modes d’apprentissage et les possibilités qu’offrent désormais les outils technologiques, le tout dans un contexte où les exigences de la société évoluent. Enseigner apparait ainsi comme une activité en lien étroit avec tout ce qui compose le monde actuel.

Ce qui transparait comme une ligne directrice des nouvelles pratiques pédagogiques, dans cet exposé, c’est l’importance accordée à l’interaction et à l’interactivité, deux termes incarnant des vecteurs distincts de communication au sein de la classe : la première entre l’enseignant et les étudiants, la seconde entre les seuls étudiants. La distinction entre ces deux vecteurs de communication explique en grande partie les formes que prennent les activités pédagogiques recherchées dans les pratiques innovantes (classe inversée, technopédagogie et autres) dans lesquelles la relation aux connaissances à acquérir ne s’exerce plus seulement à travers l’enseignant, mais aussi par un travail de défrichage des notions et compétences à acquérir effectué par les étudiants eux-mêmes. Ce faisant, c’est toute la dynamique de l’enseignement qui s’en trouve transformée.

Un aspect clé des pratiques innovantes est aussi leur inscription dans le curriculum qui est en voie de mutation dans plusieurs programmes universitaires. Par curriculum, on entend ici les « savoir », le « savoir-être » et le « savoir-faire ». Cette question du curriculum a mis en relief des différences historiques entre le profil de l’université libérale (Arts et humanités), dans laquelle l’accent est placé d’abord sur le « savoir », ensuite sur le « savoir-être » et enfin sur le « savoir-faire »; de l’université scientifique, dans laquelle le « savoir » prime aussi, mais où le « savoir-faire » est en seconde place, devant le « savoir-être »; et l’université dite « de service », dans laquelle le « savoir-faire » domine sur le « savoir » et le « savoir-être ». Cette vision diachronique de l’institution universitaire a mis en lumière différentes finalités de la formation qui y est offerte : former un « citoyen éclairé » (université libérale), un « spécialiste avisé » (université scientifique) ou un « professionnel compétent » (université de service). Cette évolution, qui fait coexister différents curriculums, constituerait le cadre élargi dans lequel se développent actuellement différentes tendances favorisant, entre autres, l’interdisciplinarité, la collégialité et un enseignement centré sur l’étudiant.

  1. Bédard nous a présenté, dans le fil de son exposé, les tenants et aboutissants de différentes méthodes pédagogiques innovantes, comme la classe inversée, les technopédagogies qui utilisent des plateformes numériques d’apprentissage comme ENA, et les caractéristiques des lieux physiques exigées par ces nouvelles méthodes pédagogiques.

Ce fut une conférence riche d’informations multiples, qu’ont beaucoup appréciée les chargées et chargés de cours présents, dont plusieurs ont participé aux échanges qui ont suivi la conférence en faisant part à l’assistance de leur expérience avec une méthode pédagogique nouvelle ou encore des difficultés rencontrées avec leur méthode actuelle.

Nous remercions M. Bédard d’avoir rendu disponible le fichier PowerPoint de sa conférence. Un document vidéo de la conférence sera disponible éventuellement pour consultation.

Nous profitons de l’occasion qu’offre cet article pour annoncer la tenue de l’École d’été en pédagogie de l’enseignement supérieur, qui se tiendra à l’Université de Sherbrooke du 20 au 23 juin 2016. Cette école d’été, à laquelle participeront des spécialistes de l’enseignement supérieur (dont notre conférencier), sera, à la lumière de la conférence à laquelle nous avons assisté, un évènement marquant pour ceux et celles qui se questionnent sur leur rôle d’enseignant ou qui souhaitent améliorer leur pratique pédagogique. Avis aux intéressés!

 

Anne Beauchemin
V.-p. aux communications

 

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