L’argent, c’est politique !

Ce n’est pas un secret : les syndicats ont mauvaise presse. On entend toujours les mêmes critiques : « C’est dépassé », « Ça sert à rien », « Ça protège les pommes pourries », etc. On entend aussi souvent des critiques quant aux cotisations. Selon certains les syndicats coûtent cher, trop cher, et sont ainsi très (trop) riches. Pourtant, quand on regarde de plus près, notamment quand on s’intéresse à l’histoire du syndicalisme, on constate que le premier geste de solidarité a été de mettre des sous en commun. Ce premier budget syndical est, encore de nos jours, l’exemple pour celles et ceux qui souhaitent, collectivement, améliorer leurs conditions de travail… et de vie. C’est ce qu’on appelle « Le rapport de force ».

Le rapport de force était justement un des thèmes du récent congrès de la Centrale des syndicats nationaux (CSN), notre centrale syndicale. Une délégation du SCCCUL était d’ailleurs sur place pour vous représenter, pour débattre de diverses positions nationales, pour participer aux élections de l’exécutif et pour adopter les états financiers et le budget de la CSN. La pandémie est (enfin) derrière nous et ce grand événement était de retour en présentiel pour près de 2000 délégués. Il y avait de l’électricité dans l’air. Bien sûr, le fait de se retrouver ensemble après la Covid y était pour quelque chose, mais on sentait aussi dynamisme et détermination. En plein cœur de la négociation du secteur public (plus de 400 000 travailleuses et travailleurs négocient présentement avec l’État), le gouvernement actuel a été la cible de nombreuses critiques (et c’était avant l’infâme hausse de salaire de 30 000 $ auto-octroyée aux députés). Mais au-delà des critiques, la CSN souhaitait se donner les moyens de mener ses luttes, de défendre ses membres et, pour ce faire, le congrès a adopté un budget ambitieux et définitivement axé sur un syndicalisme plus revendicateur.

La CSN a réalisé, à l’instar de nombreuses organisations syndicales, des économies à cause de la Covid. Moins d’instances, moins de déplacements, moins de réservations de salles ici et là, bref moins de dépenses de sommes budgétées. Yvan Duceppe, trésorier de la CSN, a proposé de mettre ces sommes au service de la syndicalisation, de l’embauche de nouveaux salariés et de la défense des droits des travailleuses et travailleurs affiliés à la centrale. La syndicalisation pour bonifier les conditions de travail de ceux qui ne sont pas encore syndiqués, ce qui est bon pour ces derniers tout comme pour l’économie. L’embauche de nouveaux salariés pour améliorer les services aux syndicats membres et accroitre la proximité et la disponibilité des personnes conseillères. Enfin, améliorer la défense des droits des travailleuses et travailleurs en bonifiant le Fonds de défense professionnelle (FDP) et en adoptant une proposition du SCCCUL visant à faciliter l’accès à ce fonds pour les travailleurs précaires ou à temps partiel, comme les personnes chargées de cours, par exemple. Ce fonds de défense sert, entre autres, à compenser les inconvénients des travailleurs qui seraient dans l’obligation d’exercer la grève. Les nouvelles prestations hebdomadaires1 adoptées sont :

 

  • 315 $ à compter du 21 mai 2023;
  • 320 $ à compter du 1er mars 2024;
  • 325 $ à compter du 1er mars 2025.

 

« Ce budget est aussi solidaire, et la solidarité est une valeur fondamentale de la CSN qui prend tout son sens avec le Fonds de défense professionnelle. Plus que jamais, ce fonds est en mesure de soutenir les luttes de celles et de ceux qui veulent améliorer leurs conditions de travail, ou simplement se faire respecter. » (Yvan Duceppe, trésorier de la CSN)

Il est donc inutile d’insister sur le fait que l’adoption d’un tel budget dépasse de loin une gestion comptable des fonds accumulés. Il s’agit ici d’une vision politique des cotisations. Une vision combative et collective. Ce qui est rassurant, car si nos négociations progressent bien, il fait bon de savoir que, si nécessaire, nous aurons les outils et les moyens pour faire valoir nos droits.

Sylvain Marois
Vice-président aux relations intersyndicales

1 Il faut souligner que le SCCCUL possède son propre fonds de défense et que ce fonds nous permettrait d’ajouter aux prestations de la CSN un montant équivalent à 35 % du salaire brut perdu ou, au minimum, un montant équivalent à la prestation du Fonds de défense professionnelle de la CSN.


				
									

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