« Les investissements dans l’immobilier ne suffisent pas, soutient le syndicat »
C’est toujours l’impasse dans les négociations entre les professeurs et l’administration de l’Université de Sherbrooke.
De passage lundi sur le campus pour y annoncer un investissement concernant les bâtiments, la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, s’est refusée à tout commentaire.
En point de presse, elle n’a pas voulu commenter les demandes des professeurs. L’attaché de presse de la ministre a confirmé au Devoir que la ministre n’avait pas réagi à la grève des professeurs et qu’elle ne le ferait pas non plus. L’annonce de cet investissement ne peut-elle pas paraître paradoxale au moment où les professeurs avancent qu’ils bénéficient de moins d’attention que le béton ? « Nous ne commenterons pas les négociations », a répété Thierry Bélair au nom de la ministre.
Investissements
Hélène David se trouvait à l’Université de Sherbrooke en compagnie de la ministre fédérale Marie-Claude Bibeau, présente au nom du ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, pour présenter un investissement commun fédéral-provincial de 9,28 millions de dollars. De cette somme, 3,48 millions sont fournis par le gouvernement du Québec et 5,8 millions par Ottawa. Le reste de l’investissement provient de l’université elle-même et de « d’autres partenaires ».
L’Université doit notamment utiliser cet argent « pour optimiser l’efficacité énergétique de ses bâtiments de recherche ». À ce titre, il est question de développer deux parcs d’énergie solaire afin d’augmenter la part d’énergie renouvelable utilisée par des bâtiments voués à la recherche.
Une question d’équilibre
Selon Marc Frappier, vice-président du Syndicat des professeures et professeurs de l’Université de Sherbrooke (SPPUS), « le développement immobilier de l’Université doit atteindre un point d’équilibre avec le développement des ressources humaines ».
Or les professeurs affirment qu’il manque désormais au moins 41 professeurs à la suite des compressions subies par l’institution au cours des dernières années. « Il est temps qu’on s’occupe des professeurs et de l’enseignement. Ce sont les principales forces. Développer l’immobilier, c’est bien. Mais s’il n’y a personne pour la recherche et l’enseignement dans les immeubles, ce n’est pas terrible. »
Parmi les reproches que le SPPUS adresse aux gestionnaires de l’Université, on trouve précisément la question de la gestion des immeubles. Selon Marc Frappier, la gestion des immeubles fait l’objet de transferts de fonds excessifs en comparaison de l’attention accordée au corps enseignant.
Les professeurs de l’Université de Sherbrooke ont reçu hier l’appui de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU). Selon le président de la fédération, Jean-Marie Lafortune, la direction de l’Université de Sherbrooke « perd le fil de ce qu’est la mission universitaire ». Selon la FQPPU, « les membres de la direction ne voient plus l’université comme un service public, mais comme une entreprise à développer. […] Les profs, c’est quand même ce qu’il y a de plus important à la base de l’université. » Les négociations entre le SPPUS et la direction de l’Université se poursuivent cette semaine.